mercredi 13 août 2008

Administration blues

Ah ! l’administration indienne ! Celle dont on parle avec tant d’effroi et de lassitude ! Pour avoir une idée de nos péripéties à l’intérieur de ce monde hostile, essayez d’imaginer un jeu vidéo type Zelda ou Final Fantasy : une quête à accomplir, différents niveaux à passer pour traverser plusieurs mondes où l’on doit obtenir des objets indispensables à notre quête. Dit comme ça, effectivement ça pourrait être fun ; des monstres, des magiciens, des plantes qui parlent et qui guérissent, c’est super marrant. Mais en vrai, non. L’inscription administrative fut… épique !
Premier niveau, leur faire comprendre ce qu’on est (« foreign students from Paris, yes we are exchange students, no we don’t apply for a 2 years degree »), leur montrer nos lettres d’admission provisoires. Deviner qu’il faut attendre devant tel bureau que telle personne vienne nous parler pour nous dire qu’elle est notre prochaine mission, si toutefois nous l’acceptons. Obtenir les papiers d’inscriptions, les remplir en 3 exemplaires. Les faire tamponner au bureau central. Vérifier auprès de Sciences Po si on doit bien payer 80$ de « registration fees »(et hop ! deux jours à rien faire !). Payer ses « registration fees » : pour cela, revenir au bureau central, remplir le papier rose en 4 exemplaire, le faire tamponner dans un autre bureau (30 minutes d’attente) puis direction la Central Bank of Maharashtra. Grosse mission vue la file : 2 heures d’attentes, fees payés. Ensuite, retour au bureau central pour donner le reçu. Dossier complet, première mission accomplie. Attendre 4 jours pour récupérer la lettre définitive, précieux sésame qui ouvre un autre monde bien plus lointain pour le moment : les inscriptions pédagogiques.
Seconde mission : le logement. Obtention aisée de l’appartement, mais premier obstacle : deux jours de ménage. Enième remplissage de papiers, énième passage à la photocopieuse pour passeport-visa-lettre d’admission (la Sainte Trinité qui ouvre des passages secrets). Re-remplissage du papier pour la banque afin de payer le loyer. Tamponnage du-dit papier. File à la banque, paiement du loyer. Retour au bureau du logement, rendu du reçu et obtention d’un autre précieux sésame : la preuve de logement.
Ces documents réunis, vous passez au niveau supérieur et vous changez de monde pour la troisième mission : l’enregistrement au FRRO, le bureau de l’immigration au commissariat de Police pour obtenir la carte de séjour (nécessaire pour passer la frontière au retour… logique). Evidemment, vous gagnez en résistance et en patience, malgré quelques craquages nerveux (nombreux fous rires pour rien).
Troisième mission, la plus éprouvante nerveusement. Passage à la photocopie (les boutiques « Xerox » : donc ça donne « xerox passport » en langage codé). Remplissage de papier, en 4 exemplaire, agraffage de photos. Puis obstacle : le bureau lui-même : une queue anarchique, des gens qui grugent, plusieurs bureaux avec des gens dont on ne sait pas à quoi ils peuvent bien servir, secrétaires qui jouent aux cartes sur leurs ordinateurs au lieu de vous aider, fonctionnaire qui vous fait reculer (retour à la case départ), papiers pas dans l’ordre. 2h30 après, votre dossier est jeté par terre sur une pile de dossiers similaires et « revenez dans un mois ». Si vous n’avez pas fait de crise de nerfs à ce moment précis, vous passez dans le monde des inscriptions pédagogiques.
Quatrième mission : obtenir des cours. Pas de cyber-lutte comme à Sciences Po, et bizarrement, ça ne manque pas. Mission en cours pour le moment. Mais les head des departments sont gentils. La quête secondaire est ici de trouver des cours qui ne durent que deux heures et non pas quatre, ce n’est pas comme si on était venu pour bosser.

Aucun commentaire: