jeudi 27 novembre 2008

Encore un peu de couleurs pour la route

Les meilleurs idlis du monde, un petit dèj de la mort qui tue
Mysore Palace illuminée, bienvenue chez MickeyA l'extérieur de Devaradja

Devaradja Market

Une volée de couleurs, de senteurs, de gens, et de jasmin



Oui je sais c'est mal, je ne publie pas régulièrement... enfin, pour me rattraper, voici les récits de mes dernières aventures dans le Sud de l'Inde durant le mois de novembre! Et quelques photos de Mysore, on commence avec la foule de pélerins à Chamundi Hill



Mysore, Karnataka

Fabrication d'encens au santal
marché de Mysore

Mysore Palace



Au bord de la saturation punéite, qui arrive souvent me direz-vous, Zoé et moi avons décidé de partir une nouvelle fois dans le Sud pendant la période de révision des exams. Je crois même que certains cours n’étaient pas tout à fait terminé… whatever. Au programme des réjouissances : 18 heures de bus pour rejoindre Mysore, ville au sud du Karnataka, notre première étape. O joie ! comme le bus passe par Bangalore, nous prenons la highway ! Ce qui signifie une nuit à peu près tranquille. Cela semble anodin, mais en Inde, ça reste un grand luxe.
Arrivées le matin, nous enchaînons avec la visite du principal monument de Mysore : le palais. « Bienvenue à Disneyland » est la première pensée qui m’est venue quand nous sommes entrées dans le parc. Le palais est sensé être ancien, mais l’original a brûlé à la fin du XIXème siècle : le bâtiment actuel n’est donc qu’une reconstruction datant du début du XXème siècle. D’où l’impression de carton-pâte, malgré une architecture indo-sarrazzine assez originale. Si l’extérieur fait encore à peu près authentique, l’intérieur est… kitschissime ? Surchargé ? de mauvais goût ? Dur de qualifier cette profusion de couleurs, de peintures dorées, de marbres, de colonnades et de marqueteries. Pour ne pas paraître non plus complètement négative, je n’oublie pas de mentionner les verrières colorées, agrémentées de motifs floraux très Art Nouveau, et les portes en marqueterie d’ivoire et d’argent.
Mysore : ville unique en Inde. Presque calme, presque propre, et des gens d’une incroyable gentillesse. Dans l’air flotte un parfum de jasmin et de bois de santal. Mysore est un effet la ville centrale pour la production d’artisanat en santal, le bois précieux qui sent bon presque éternellement, et d’huiles essentielles. J’ai évidemment craqué pour du jasmin blanc et du patchouli. Et je ne parle pas de la profusion de soie que l’on trouve là-bas : mon sac s’est donc vu alourdi par l’achat d’une quinzaine de mètres de soie – à moi les copies de robes de créateurs !- et de quelques foulards. Nous avons aussi eu un cadeau de l’encens, du vrai fait avec la poudre de bois de santal.
Autre curiosité de Mysore, Chamundi Hill, une des collines les plus sacré du pays. Une impression d’être plongée au cœur d’un reportage Arte, dans la foule grouillante des pèlerins, des vaches, des vendeurs à la sauvette et des processions de brahmanes, rythmé par de la musique sacrée. Nous redescendons les 1000 marches : au milieu du trajet, nous croisons un des plus grands nandi du pays- la monture de Shiva, un taureau- en granit, noirci au charbon de noix de coco et luisant de ghee- beurre clarifié.
L’après-midi, je passe plus de 2h dans un magasin de tissu pour m’acheter de la soie ; et là je me dis que vraiment la vie est dure car ma principale préoccupation fut : mais quelles couleurs prendre ?! J’ai donc alourdi mon sac d’une quinzaine de mètres de soie- à moi les robes !- et de quelques écharpes. Le tout pour des prix dérisoires, comme 4 € le mètre…
Comme notre rythme s’apparente à celui de retraités, le zoo fut aussi une étape obligée… après avoir petit déjeuné des meilleurs idlis d’Inde !

Mysore, son marché, ses odeurs de coriande, de santal et de jasmin, de l’Inde imaginaire, où flotte un parfum d’une histoire déjà trop lointaine…


Expérience insolite ??!!

Le petit train des Nilgiri Hills

Les montagnes


Le toy train des Nilgiri Hills, qui va de Mettupalayam à Ooty est, selon ce bon vieux Lonely Planet, une « expérience insolite ». Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, ce petit train à vapeur passe parmi des paysages uniques et incroyables. Présenté comme cela, ça donne envie. Nous l’avons donc pris au retour, car Mettupalayam se trouve 45kms plus au Sud. Et en descente, il ne met que 3h30 au lieu de 5H30. Prendre les tickets s’avéra être la croix et la bannière, entre guichet de réservation fermé pour cause de problème informatique, et queue gigantesque 1 heure avant le départ du train… Dans le sens du retour, il ne quitte Ooty qu’à 15h. nous réussissons finalement à partir. La première heure et demi passe, entre des collines sauvages, vierges et brumeuses, des plantations de thé à perte de vue et des voisins de compartiments adorables avec qui nous partageons nos chocolats et qui nous offrent le chai. Puis c’est le drame. Le train s’arrête plus d’une heure au milieu de nul part, coincé dans une gorge. Beaucoup abandonnent le navire pour rejoindre Mettupalayam par la route. Nous sommes à deux doigts de faire de même avec Mike et Megan, mais le train fini par repartir… après le coucher du soleil ! Adieu les beaux paysages ! Expérience insolite donc, car 5h30 pour parcourir 45 kms en train n’est pas franchement courant.

Les collines d'Ooty





L’air frais d’Ooty, Nilgiri Hills, Tamil Nadu

Ballade dans les collines d'Ooty


La forêt, une vraie merveille et enfin de la nature, du vert, des arbres et de l'air frais!


5h30 de bus et de routes de montagne plus tard, nous débarquons le soir à Ooty, perchée à 2000 mètres d’altitude : autant vous dire que la température fraîche fait quelque peu un choc, surtout que nous n’avions pas un seul pull avec nous… à part des châles en laine et nos foulards en soie. Nous atterrissons dans une charmante guest house au bord du lac, uniquement fréquentée par des touristes occidentaux, ce que signifie calme le soir, pas de musique de Bollywood sortant des portables, ni indien moyen gras qui se promène en marcel et laisse la porte de sa chambre d’hôtel grande ouverte. Et parfois, ça fait du bien.
Ooty est une des stations de montagne les plus connues d’Inde : elle a été fondée au XIXème siècle par un Anglais, John Sullivan, et était le refuge du gouvernement de Madras lors de la saison chaude. On ne trouve plus vraiment de trace de cette époque coloniale, Ooty n’est plus qu’une banale ville indienne, en plus fraîche. Néanmoins, les paysages autour sont superbes : nous avons fait une balade durant toute une matinée dans une forêt sublime de grands arbres au tronc d’argent, des pins recouverts de poudre orange- naturelle- de buissons et d’odeurs de forêts européennes. Nous sommes passés par les champs de légumes et les plantations de thé en terrasse, parsemés de villages. De l’air frais, pur et vivifiant, des espaces verts, de la nature ! Enfin ! Après le grouillement des villes indiennes, un peu d’air est un véritable bonheur.
Ooty est aussi connue pour sa production de chocolat : du vrai chocolat noir ! Autant vous dire que ce fut une véritable orgie. Le rythme de notre étape à Ooty fut une fois de plus lent, nonchalant, entre achats de thé et de chocolats, wandering in the streets. Nous avons aussi rencontré deux Australiens lors de notre balade : Mike et Megan, voyageurs solitaires, avec qui nous avons fait un bout de chemin. Lui est plus ou moins étudiant, il enchaîne les petits boulots pour ensuite voyager, et il a pas mal baroudé. Elle est infirmière à Melbourne et a pris 6 ans de cours de photographie, suivis en parallèle avec son job. Elle repartait ensuite vers Cochin et lui vers Trichy, dans le Kérala.

Quelques plages perdues qui envoient du rêve

Kappil Beach



Bekkal Beach, où l'on s'est fait viré pour "indécence"...

Kerala et plans de dernière minute.

Le bled où l'on s'est finalement arrêté


Dans le train vers Mangalore




Le lendemain, après une nuit dans un hôtel miteux, qui faisait très hôtel à passe glauque, nous prenons le train de Coimbatore à Mangalore, ville côtière du sud du Karnataka. Sauf que nous avions complètement mésestimé le temps de trajet… Naïvement, nous pensions que nous ferions 400kms en à peu près 8h. Le train partant à 7H30, nous aurions dû être à Mangalore vers 15H30/ 16h d’où nous aurions attrapé un bus qui nous aurait conduit à Gokarna, à 6h de route au Nord de Mangalore, sur la côte… En fait, ce n’était pas du tout ça… le train arrivait en réalité vers 20h à Mangalore ! Or nous n’avions qu’une journée de plage, impossible donc de rejoindre Gokarna dans un laps de temps aussi court. Joie des voyages à l’arrache. Un checking de notre ami Lonely Planet s’est rapidement imposé- Lonely qui a aussi tendance à fasciner nos voisins dans le train, regardant attentivement les cartes et les photos-. Et là miracle ! Le Lonely sait aussi indiquer les coins paumés hors des sentiers battus, alleluia, notre plage est sauvée ! Après 10h de paysages de cocotiers, de rizières envahies de hérons blancs sous le soleil couchant et d’un nombre impressionnant de gares perdues, nous descendons à Kanhangad, au nord du Kérala. Le bled perdu : nous devions être les seules touristes blanches depuis un sacré bout de temps… bref, l’endroit est une petite ville indienne bondée de monde, à très forte majorité musulmane, ce qui signifie galère pour trouver une bière- petite pensée pour le bar miteux à moitié caché, presque clandestin, que nous avons fini par dégoter.
Notre journée commence par Bekkal Beach, à 10kms en bus. Nous payons l’entrée d’un espace de parc désertique avec jeux pour enfants et semblant de paillote en guise de restaurant. Personne, le pied. La plage est un coin de paradis : sable fin, cocotiers, mer scandaleusement trop chaude, et au loin, les barques colorées des pêcheurs échouées sur le sable. Nous respections les « sensibilités locales », comme nous le conseille le Lonely : robes longues et paréo pour lézarder au soleil furent de rigueur. A part quelques gamins amusés, personne ne nous dérange. Et là, nous avons expérimenter le fait d’être virée d’une plage… pour indécence… ! « Indécence » signifiant ici se baigner et être allongé sur une serviette. Car pour ces conservateurs, on doit rester débout et marcher sur une plage pour ne pas porter atteinte à d’obscures concepts moraux… un flic et un mec de la sécurité, entouré de gamins et d’ados attardés et frustrés sont donc venus nous faire comprendre notre indécence, blanches dépravées que nous sommes. Mais tout n’était que pure hypocrisie révoltante. On sentait très bien qu’ils m’ont obligé à sortir de l’eau et forcés Zoé à se lever pour nous mater. Je reparlerai de cette hypocrisie latente dûe à ce conservatisme moral prochainement.
Bref, nous retournons au village, reprenons un bus, et atterissons 5kms plus loin dans un autre village, direction Kappil Beach. 1 km de palmeraie plus loin et nous découvrons… comment qualifier ce qui s’est présenté sous nos yeux? le jardin d’Eden ? les Champs-Elysées ? une autre planète ? Une plage sublime, paradisiaque, que je n’avais même pas imaginé dans mes rêves les plus fous. Le phantasme total. Du sable fin, des cocotiers et des pins, une mer calme, et personne. Mais vraiment personne. Une plage désertique où nous n’avons pas croisé une âme. L’évasion, voyage onirique, perte de tous repères, un lieu d’oubli.
Nous remontons au village pour déjeuner d’un chicken biryani- poulet avec du riz et des épices, majoritairement de la coriande. Le meilleur biryani depuis mon arrivée en Inde. Retour à la plage baignée de la lumière de l’après-midi, du soleil de l’Ouest et de ses reflets d’argent sur l’eau. Une jeune mère vient avec ses filles, des jumelles amusées de nous voir ici ; elles contemplent l’eau, ramassent du sable, et partent, fugitives.

Il nous faut quitter ce paradis le lendemain : deux heures de train jusqu’à Mangalore, où nous trouvons un bus privé qui nous ramène à Pune.18 heures de trajet épiques sur les petites routes, je n’ai pas dormi : dernière galère avant de rentrer car le bus ne nous dépose pas à Pune mais à 14kms au Sud…

Cela fait donc 10 jours que je suis rentrée, j’ai cru devenir folle ici. Prochain départ dimanche pour un mois dans le Nord ! Heureusement car Pune peut rendre dépressif…