jeudi 27 novembre 2008

Kerala et plans de dernière minute.

Le bled où l'on s'est finalement arrêté


Dans le train vers Mangalore




Le lendemain, après une nuit dans un hôtel miteux, qui faisait très hôtel à passe glauque, nous prenons le train de Coimbatore à Mangalore, ville côtière du sud du Karnataka. Sauf que nous avions complètement mésestimé le temps de trajet… Naïvement, nous pensions que nous ferions 400kms en à peu près 8h. Le train partant à 7H30, nous aurions dû être à Mangalore vers 15H30/ 16h d’où nous aurions attrapé un bus qui nous aurait conduit à Gokarna, à 6h de route au Nord de Mangalore, sur la côte… En fait, ce n’était pas du tout ça… le train arrivait en réalité vers 20h à Mangalore ! Or nous n’avions qu’une journée de plage, impossible donc de rejoindre Gokarna dans un laps de temps aussi court. Joie des voyages à l’arrache. Un checking de notre ami Lonely Planet s’est rapidement imposé- Lonely qui a aussi tendance à fasciner nos voisins dans le train, regardant attentivement les cartes et les photos-. Et là miracle ! Le Lonely sait aussi indiquer les coins paumés hors des sentiers battus, alleluia, notre plage est sauvée ! Après 10h de paysages de cocotiers, de rizières envahies de hérons blancs sous le soleil couchant et d’un nombre impressionnant de gares perdues, nous descendons à Kanhangad, au nord du Kérala. Le bled perdu : nous devions être les seules touristes blanches depuis un sacré bout de temps… bref, l’endroit est une petite ville indienne bondée de monde, à très forte majorité musulmane, ce qui signifie galère pour trouver une bière- petite pensée pour le bar miteux à moitié caché, presque clandestin, que nous avons fini par dégoter.
Notre journée commence par Bekkal Beach, à 10kms en bus. Nous payons l’entrée d’un espace de parc désertique avec jeux pour enfants et semblant de paillote en guise de restaurant. Personne, le pied. La plage est un coin de paradis : sable fin, cocotiers, mer scandaleusement trop chaude, et au loin, les barques colorées des pêcheurs échouées sur le sable. Nous respections les « sensibilités locales », comme nous le conseille le Lonely : robes longues et paréo pour lézarder au soleil furent de rigueur. A part quelques gamins amusés, personne ne nous dérange. Et là, nous avons expérimenter le fait d’être virée d’une plage… pour indécence… ! « Indécence » signifiant ici se baigner et être allongé sur une serviette. Car pour ces conservateurs, on doit rester débout et marcher sur une plage pour ne pas porter atteinte à d’obscures concepts moraux… un flic et un mec de la sécurité, entouré de gamins et d’ados attardés et frustrés sont donc venus nous faire comprendre notre indécence, blanches dépravées que nous sommes. Mais tout n’était que pure hypocrisie révoltante. On sentait très bien qu’ils m’ont obligé à sortir de l’eau et forcés Zoé à se lever pour nous mater. Je reparlerai de cette hypocrisie latente dûe à ce conservatisme moral prochainement.
Bref, nous retournons au village, reprenons un bus, et atterissons 5kms plus loin dans un autre village, direction Kappil Beach. 1 km de palmeraie plus loin et nous découvrons… comment qualifier ce qui s’est présenté sous nos yeux? le jardin d’Eden ? les Champs-Elysées ? une autre planète ? Une plage sublime, paradisiaque, que je n’avais même pas imaginé dans mes rêves les plus fous. Le phantasme total. Du sable fin, des cocotiers et des pins, une mer calme, et personne. Mais vraiment personne. Une plage désertique où nous n’avons pas croisé une âme. L’évasion, voyage onirique, perte de tous repères, un lieu d’oubli.
Nous remontons au village pour déjeuner d’un chicken biryani- poulet avec du riz et des épices, majoritairement de la coriande. Le meilleur biryani depuis mon arrivée en Inde. Retour à la plage baignée de la lumière de l’après-midi, du soleil de l’Ouest et de ses reflets d’argent sur l’eau. Une jeune mère vient avec ses filles, des jumelles amusées de nous voir ici ; elles contemplent l’eau, ramassent du sable, et partent, fugitives.

Il nous faut quitter ce paradis le lendemain : deux heures de train jusqu’à Mangalore, où nous trouvons un bus privé qui nous ramène à Pune.18 heures de trajet épiques sur les petites routes, je n’ai pas dormi : dernière galère avant de rentrer car le bus ne nous dépose pas à Pune mais à 14kms au Sud…

Cela fait donc 10 jours que je suis rentrée, j’ai cru devenir folle ici. Prochain départ dimanche pour un mois dans le Nord ! Heureusement car Pune peut rendre dépressif…

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